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Une semaine après les inondations dévastatrices et historiques qui ont ravagé le sud-est de l’Espagne, le premier ministre, Pedro Sanchez, a annoncé, mardi 5 novembre, un premier plan d’urgence de 10,6 milliards d’euros pour venir en aide aux habitants et aux entreprises affectées. « C’est un bon premier pas, un pas agile », a défendu le dirigeant socialiste, en dévoilant une série d’aides pour les sinistrés, mais aussi pour les collectivités locales concernées.
Ce paquet comprend des aides directes ainsi que des allégements fiscaux pour les entreprises et pour les particuliers. Ces aides bénéficieront à « 65 000 travailleurs indépendants » et à environ « 30 000 entreprises », a détaillé M. Sanchez. Le premier ministre a aussi annoncé une ligne de crédits de 5 milliards d’euros pour les PME, les travailleurs indépendants et les familles, sur un modèle « très similaire à ce qui avait été fait pendant la pandémie », selon le chef du gouvernement.
Le gouvernement va activer des « aides directes pour les citoyens et les entreprises touchées, comme nous l’avons fait pendant la pandémie, avec le moins de paperasse possible et la plus grande célérité », a dévoilé le premier ministre à l’issue du conseil des ministres. « Ce que veulent les citoyens, c’est voir leurs institutions non pas se battre entre elles, mais travailler côte à côte », a-t-il insisté, alors que l’exécutif et le gouvernement de Valence, région la plus touchée par les inondations, font l’objet de vives critiques depuis une semaine pour leur gestion de la catastrophe.
L’exécutif, qui a officiellement déclaré mardi l’état de catastrophe naturelle dans les zones sinistrées, s’est par ailleurs engagé à prendre en charge « 100 % » des dépenses urgentes engagées par les municipalités pour venir en aide à leurs administrés et déblayer les rues.
Le bilan humain des intempéries s’élève quant à lui à 219 morts : 214 dans la seule région de Valence, trois en Castille-La Manche et une en Andalousie. La priorité reste la localisation des disparus, dont le nombre précis n’a jamais été communiqué. Les autorités s’inquiètent en particulier de la situation dans de nombreux parkings souterrains, totalement inondés, et qui n’ont pas encore été complètement inspectés.
Ces derniers jours, les effectifs de l’unité militaire d’urgence qui interviennent lors de catastrophes naturelles ont installé de nombreuses pompes pour évacuer l’eau. Des plongeurs sont parvenus lundi matin à pénétrer dans le souterrain du parking de Bonaire, un vaste centre commercial d’Aldaia, une commune de 31 000 habitants de la banlieue de Valence. D’une capacité de 5 700 places, dont près de la moitié en sous-sol, il suscitait de nombreuses inquiétudes. Mais, pour l’instant, les secours n’y ont retrouvé aucun corps.
A Picanya, près de Valence, « des voisins » manquent toujours à l’appel, a souligné le maire, Josep Almenar, qui, une semaine après le désastre continue de « sortir les poubelles de la ville, sortir les voitures ». A Paiporta, une ville située dans la banlieue de Valence et considérée comme l’épicentre de la catastrophe, les élus réclament du matériel professionnel pour dégager les centaines de voitures retournées sur les chaussées. « Nous avons besoin de machines, de professionnels qui viennent nettoyer les rues, les vider, pour que les gens puissent s’occuper de leurs maisons », a imploré la maire, Maribel Albalat, sur la chaîne publique TVE.
Pedro Sanchez a assuré mardi avoir doublé en trois jours le nombre de soldats et de policiers déployés sur le terrain, le portant à près de 15 000. Ils sont secondés par 287 gardes forestiers, une centaine d’agents des douanes et 44 médecins légistes, a encore énuméré Pedro Sanchez, évoquant aussi « 600 véhicules et machines spécialisés pour le pompage, le nettoyage et l’approvisionnement des zones touchées ».
M. Sanchez a expliqué que « ce déploiement massif, à la fois humain et technique, a permis d’effectuer 1 300 opérations de sauvetage ». « Il a également soutenu les autorités locales et la population dans des tâches telles que l’enlèvement des véhicules et des décombres ou l’inspection des garages et a distribué 95 000 litres d’eau », a-t-il ajouté.
Selon le premier ministre, 98 % des foyers touchés ont pu récupérer l’électricité, et 68 % leur ligne téléphonique. Quarante kilomètres de routes et 74 kilomètres de voies ferrées ont également été réparés, a-t-il assuré.
Au-delà des mesures d’urgence, Pedro Sanchez a assuré que le gouvernement travaillait sur un plan à long terme pour la région, incluant un plan de « reconstruction » des zones touchées, mais aussi un plan de « transformation », jugé « nécessaire » pour adapter la région à « l’urgence climatique ».
A l’issue d’une réunion, lundi soir, le gouvernement et les autorités locales ont estimé à 2,6 milliards les « investissements nécessaires » pour rétablir le réseau de transports – une évaluation « provisoire », ont-il précisé. Le secteur de l’assurance, lui aussi, s’attend à de lourdes dépenses.
Selon la chambre de commerce de Valence, 4 500 commerces situés en rez-de-chaussée pourraient avoir été sinistrés. Des dizaines de zones industrielles et centres commerciaux ont également été touchés, tandis que les transporteurs de la région ont perdu de nombreux camions.
Côté agriculture, les dégâts sont également impressionnants, notamment dans les champs d’agrumes, dont la région est une importante exportatrice. Au total, 50 000 hectares de cultures pourraient être concernés. Les pertes sont « catastrophiques » et ses conséquences « incalculables », assure le syndicat Asaja. Tous secteurs confondus, l’impact pourrait dépasser les « 10 milliards d’euros », a prévenu le président de le chambre de commerce de Valence, José Vicente Morata.
Dans un message sur X, le ministre de l’économie, Carlos Cuerpo, a rapporté que « 400 experts » étaient déployés sur le terrain pour évaluer les dégâts. Il a par ailleurs précisé que 72 000 demandes d’indemnisations avaient été adressées depuis six jours par les assurés, un niveau « sans précédent ».
Ces demandes vont être examinées par le CCS, organisme public rattaché au ministère de l’économie, à qui incombe la prise en charge des indemnités en cas de catastrophe naturelle. En Espagne, les assureurs s’appuient en effet pour ce type de désastre sur un fonds de garantie commun, alimenté par une quote-part prélevée sur les polices d’assurance conventionnelles. Ce dispositif, géré par le CCS, permet de répartir la prise en charge des risques sur l’ensemble du secteur de l’assurance.
Le Monde
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